Maatkas : Des Nwals pour l’ouverture de la saison

Maatkas : Des Nwals pour l’ouverture de la saison oléicole

Des affiches invitant la population à assister aux Nwals à l’occasion de l’ouverture de la saison oléicole et donc le début du ramassage des olives précoces à terres déjà en raison des derniers vents commencent à faire sérieusement de l’ombre aux affiches de la campagne électorale trop timide dans la région, on en trouve même des spots et autres espaces publicitaires dans la presse écrite. Il ne s’agit pourtant pas d’un label ou d’un autre produit commercial ces « Nwals », c’est tout simplement une espèce de kermesse populaire à travers laquelle un village  kabyle organise un grand banquet traditionnel dans un climat festif et de communion et où tout le monde est généreusement invité. Ainsi, c’est pour rendre hommage à des Saints, mais également aux aïeux et les implorer pour que fraternité, paix, générosité et clémence divine soient omniprésentes dans la vie quotidienne des villageois, mais surtout prier pour une abondance des récoltes et particulièrement celle des olives. Pourtant, durant la décennie 1991/2001, beaucoup de villages ont dû renoncer à organiser ce genre d’événements socioculturels de par les incessantes menaces et chantages exercés alors par les islamistes armés du GIA et plus tard du GSPC. Nous pouvons d’ailleurs citer quelques nwals qui ont quasiment disparu, tels thikorravine au village Aït Izid, Jeddi Moussa (Bouhamdoune), Tizi Moka (Sidi Ali Moussa)…tandis que d’autres villages continuent encore à ne pas déroger à cette règle sacrée de tenir les leurs à l’image de Amghith (Aït Zaïm), Vava Ouali (Berkouka), Waw Jdhim et Agouni Abu (Tajdiwt), Tala Oughanim (Cheurfa), Sidi Belkacem Aghriv (Ighil Takdhivine). Plusieurs de ces rendez-vous populaires se tiennent d’ailleurs  en ce début de cette saison oléicole très prometteuse pour cette année nonobstant les ravages des incendies de l’été. Une trentaine d’huileries sont déjà prêtes pour accueillir des milliers de quintaux d’olives pour leur transformation en huile. 
C’est dire que les nwals, une tradition millénaire qui allait tout droit vers une extinction serait en passe d’être totalement ressuscitée ces dernières années dans la circonscription de Maâtkas qui tient coûte que coûte à ses us et coutumes. Il va sans dire que ces manifestations permettent aussi de créer cette opportunité de rencontres entre les petites gens du cru qui ne se voient que rarement. Les émigrés, les villageois résidant dans d’autres wilayas trouvent ainsi en l’espace d’une journée festive l’occasion de se revoir avec les leurs, autour d’un couscous bien local.
Aussi, ce sont le plus souvent les comités de villages qui organisent ces événements. C’est avec, bien entendu, les dons, les cotisations et autres subventions que les organisateurs arrivent à ramasser les sommes nécessaires pour ce genre de festivités.
Il reste bien entendu que ce sont les communes du sud de la wilaya de Tizi-ouzou qui arrivent en tête dans le nombre de Nwals organisés. Nous citerons Beni-douala, Ouadhias, Maatkas, Boghni….. Aujourd’hui, pas mal d’universitaires tentent d’en faire une approche critique pour publier des ouvrages portant essentiellement sur cette vieille tradition populaire kabyle qui commence de plus en plus à être en vogue.